En août 2018, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn saisissait la Haute Autorité de Santé (HAS) et sa Commission de la transparence (CT) pour évaluer l’efficacité de l’homéopathie et rendre un avis sur le maintien de sa prise en charge par l’assurance- maladie. Après
plusieurs semaines d’instruction du dossier par la CT, un avis provisoire, en mai 2019, et une phase contradictoire, la HAS, fin juin, a rendu un avis définitif, défavorable au maintien du remboursement des médicaments homéopathiques par l’assurance-maladie. Début juillet, le gouvernement a suivi cette recommandation. Le déremboursement s’effectuera en deux étapes. En janvier 2020, le taux passera de 30% à 15 %, pour disparaître début 2021.
Derrière ce combat dogmatique sur la prise en charge ou non de l’homéopathie par la Sécurité sociale, il y a non seulement la question économique, mais également l’avenir de cette industrie et de ses salariés. L’arrêt du remboursement des médicaments homéopathiques permettra d’économiser 126,8 millions d’euros pour le compte de l’assurance-maladie (données de 2018), soit 0,06% du total des dépenses de santé en France, et 0,3% des dépenses de médicaments. Une goutte d’eau dans le budget de l’assurance-maladie.
Par contre, la filière homéopathique, en France, emploie directement près de 3 200 salariés travaillant pour trois entreprises : Boiron, le leader mondial, Lehning et Weleda. Elle contribue à la balance commerciale française puisque les médicaments fabriqués dans l’hexagone sont exportés vers plus de 50 pays. Cette décision aura un impact sur le volume de commercialisation, donc de fabrication. Par exemple, Boiron évalue un risque de suppression de 1000 emplois dans le Groupe.
Les effets négatifs collatéraux du déremboursement sont multiples. L’absence de régulation fera augmenter les prix. D’un côté, les laboratoires fixeront librement leurs prix, et de l’autre, le taux de TVA appliqué aux médicaments non remboursés sera plus élevé. Cela accentuera l’inégalité d’accès aux soins liée au problème de pouvoir d’achat. De plus, la filière agricole (pour exemple la récolte de l’arnica) sera aussi indirectement touchée. Par ailleurs, le déremboursement de l’homéopathie entraînera les patients vers d’autres prescriptions de médicaments remboursés et donc plus coûteux pour le compte de la Sécurité sociale. Par conséquent, les économies annoncées risquent de coûter bien plus cher à la collectivité.
Selon un sondage réalisé par Ipsos, 74% des Français pensent que les traitements homéopathiques sont efficaces et autant sont opposés à leur déremboursement. Une pétition en ligne « Mon homéo, mon choix » a recueilli plus de 1,2 million de signatures pour demander le maintien du remboursement pour avoir une liberté de choix thérapeutique.
Sans entrer dans la polémique et dans la querelle des « spécialistes », la FCE-CFDT s’interroge sur
l’urgence et la pertinence à traiter ce dossier. Elle trouve la décision du gouvernement hâtive, court-termiste, opportuniste, et surtout incompréhensible. Ces économies de bout de chandelle vont accroître le sentiment d’abandon, de mécontentement et de grogne de nos concitoyens. La FCE-CFDT et l’ensemble de ses équipes se sont mobilisés pour contrer ce projet. La FCE-CFDT demande que toutes les solutions puissent être étudiées et proposées pour que l’emploi et les salariés de cette filière ne soient pas les laissés pour compte. •